Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/483

Cette page a été validée par deux contributeurs.

maine de l’hypothèse, et je donne cette explication du lieu choisi sans aucune pièce à l’appui, peut-être entrevit-il un petit calcul d’intérêt dans la désignation de la localité où il proposait à sa mère de faire l’acquisition d’une propriété rurale.

Verlaine était, à cette époque, démuni d’argent, sans grand espoir d’en recevoir. Il lui en fallait pour ses dépenses quotidiennes ; et aussi, motif plus noble que les libations à venir, il désirait voir imprimer ce volume de vers qu’il avait, tout préparé, dans son tiroir. C’était le recueil qu’il se proposait d’intituler Jadis et Naguère. La plupart des pièces le composant, on l’a vu dans la correspondance ci-dessus, avaient été composées en Angleterre, en Belgique, dans la cellule de Mons. Les dernières dataient du séjour à Boulogne-sur-Seine et rue de la Roquette.

Mais les volumes de poésies ne s’éditent pas généralement au compte du libraire. Verlaine, par la suite, put soutirer des pièces de cent sous à Vanier, contre la remise de poèmes devenus, grâce à la notoriété de l’auteur, vendables. Mais, à cette époque, les volumes de Verlaine n’avaient d’autre public que celui des envois gratis. Sagesse n’avait pu trouver un seul acheteur. Bien que Léon Vanier eût fait bon accueil à son auteur, et promis d’en imprimer une réédition, et quoiqu’il eût volontiers publié les Poètes Maudits, plaquette de prose, il est douteux qu’il eût exposé les frais de Jadis et Naguère. Comment donc avancer ou garantir à l’éditeur le coût de l’impression et du brochage ? Mme Verlaine, à la faveur de la retraite à la campagne, pouvait se décider à sacrifier encore quelques billets de cent francs, pour donner à son fils, désormais rangé, le plaisir d’être de nouveau imprimé.