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avaient été soigneusement étouffés par l’auteur. Non seulement son fils ne perdait rien en quittant Paris, mais encore il pouvait, il devait gagner sa subsistance, et peut-être un excédent destiné à être mis de côté, à être placé, « en faisant valoir ». Quant à Verlaine, il obéissait aussi à un sentiment de lassitude, de dégoût ; il désirait mettre de la distance entre lui et le milieu où il se débattait. Il avait souhaité très vivement reprendre sa place à l’Hôtel-de-Ville. J’ai donné plus haut les pièces et les lettres ayant pour objet cette réintégration difficile. On a pu voir que, dans les lettres citées, accompagnant l’envoi de ses « Paris-Vivant », il ne manquait jamais de parler du protecteur à qui je l’avais recommandé, le président du conseil municipal, M. de Bouteiller. En cette requête, en cet appui, il avait mis tout son espoir de vie recommencée, de vie bureaucratique, calme, régulière et douce, avec les loisirs permettant les travaux littéraires, en dehors du bureau et même pendant, et surtout avec les appointements tombant dans la poche avec une régularité de mécanisme d’horlogerie, à la fin du mois.

On a vu que tous nos efforts combinés, l’influence du Président du Conseil, l’appui du Directeur du Réveil, Valentin Simond, le consentement que j’avais obtenu du préfet, Charles Floquet, échouèrent. J’avais eu beau faire examiner les causes, nullement graves, du départ de Verlaine, en 1871, causes d’ordre purement politique, anéanties d’ailleurs par l’amnistie. Tout cela avait été en pure perte. La légende de l’affaire de Bruxelles, plus forte que la vérité, l’avait emporté. Les grands pontifes du personnel n’avaient pas voulu réintégrer Verlaine dans cet emploi modeste de rédacteur, pour lequel il avait cependant subi les examens réglementaires, et qu’il était bien capable de remplir.