Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/479

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’heure où il reprenait pied dans le monde littéraire, où son nom réapparaissait imprimé, où il nouait de nouvelles camaraderies dans les cafés du quartier latin, au moment où, enfin, il trouvait dans le journal Lutèce un commencement de notoriété, et dans la librairie Vanier un endroit de production rémunératrice.

J’avoue ne pas avoir bien discerné les causes intimes de cette décision inattendue.

Il y eut sans doute, dans cette répétition de la vocation cultivatrice, une grande part d’influence maternelle, se combinant avec une situation matérielle difficile. L’espoir de trouver, dans le travail agricole, une existence plus aisée le décida peut-être ; il supputa des profits dans l’avenir, et immédiatement aussi : sans doute il entrevit de l’argent de poche. Il en était alors dépourvu. Cet argent, destiné aux menues dépenses de cabaret, sortirait plus facilement, au village, du cabas de la maman Verlaine, devenue inexorable à Paris. La bonne mère s’amadouerait aux champs ; elle ne refuserait pas à son fils, cultivant son champ, les pièces blanches nécessaires aux absorptions spiritueuses, dont il avait repris l’habitude au quartier latin. Elle ne voulait plus arroser l’homme de lettres. Paul devait à sec cultiver les fleurs de littérature.

Mme Verlaine se montra donc favorable au nouveau projet de son fils, comme elle avait approuvé la première tentative de paysannerie, à Juniville. Cette fois heureusement, pensait-elle, son fils serait seul. Lucien Létinois n’était plus de ce monde. Rien ne détournerait Paul de ses champs, et aucune fugue poétique ou sentimentale ne serait à redouter parmi les simples naturels de Coulommes. Paul devenait visiblement plus raisonnable. Elle se réjouissait donc de ce retour à la vie campagnarde qu’elle estimait par-dessus tout sérieuse, honorable, et