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du cours des céréales, sans parler des impositions, des réparations et des échéances !

Verlaine fut donc paysan amateur, ou plutôt, car il voulut mettre la main à la charrue, apprenti cultivateur. Toutefois, le désir qu’il avait de vivre de la vie des champs est indiscutable. Il l’a exprimé avec beaucoup de sincérité de cœur :


Mon idée a toujours été d’habiter dans la vraie campagne, dans un village en pleins champs, une maison d’exploitation, une ferme dont je fusse le propriétaire et l’un des travailleurs, l’un des plus humbles, vu ma faiblesse et ma paresse, a-t-il dit dans les Mémoires d’un veuf.


Et il ajoute avec la simplicité d’un Horace moderne satisfait :


Si j’ai réalisé cet « hoc erat in votis », j’ai connu, rectifié, apprécié les menues besognes des champs, un jardinage léger, la bonne curiosité, les saines médisances villageoises, qui vous font comme une maison de verre, et vous forcent à la correction de la vie, tenant toujours en haleine la dignité qui s’allait endormir, et le sommeil à poings fermés après une journée simple. Cela assez longtemps pour m’en toujours souvenir, et le regretter longtemps.


Ces sentiments sincères, si nettement et si joliment confessés, — il devait pourtant, par la suite, à sa seconde phase d’existence rustique, éprouver cruellement les morsures de la « saine médisance villageoise », — suffisent à justifier son premier essai, son installation, en compagnie de son ami Lucien, à Juniville, dans la ferme, achetée au nom du père Létinois ; mais la seconde tentative de culture, la deuxième incarnation paysannesque et l’acquisition d’une nouvelle maison au village ? Ce revenez-y champêtre est moins intelligible.

Le goût persistant de la vie dans la grande campagne ne suffit pas à expliquer cette fuite brusque de Paris, à