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Reims, le 8 octobre 1883.
Cher ami,

Ceci n’est pas pour m’excuser de ne pas m’être rendu à ton appel du commencement de l’autre mois, car d’une part j’étais très souffrant, et je t’ai en outre télégraphié pour t’expliquer ma trop involontaire abstention, mais bien pour te dire que j’ai quitté Paris (non sans esprit de retour naturellement), et demeure à la campagne, dans une maison que ma mère a achetée, récemment, et que, quand tu voudras, tu seras reçu à bras ouverts chez :

Mme  veuve Verlaine, à Coulommes, par Attigny (Ardennes).

Écris-m’y souvent en attendant.

Dis à Enne que j’attends toujours la Vie Simple, et si tu peux, fais-moi faire le service du Réveil (comme collaborateur et ami).

Je publie en ce moment une série d’articles dans Lutèce sur les Poètes Maudits (Corbière, Rimbaud, Mallarmé).

Tâche de faire réclame à ce petit travail, et envoie-moi le no où elle aurait paru.

Mille amitiés chez toi et à ta sœur, et crois-moi bien.

Ton vieux et fidèle
P. Verlaine.
à Coulommes, par Attigny (Ardennes).

J’écris par ce courrier à Louis Dumoulin, à qui j’ai dû brûler la politesse, juste le lendemain du jour où j’ai eu le chagrin de ne pas aller à Bougival : j’étais plus souffrant encore.

Surtout écris-moi de temps en temps,

Suis à Reims pour affaires. Dès demain rentrerai en mon village pour en peu sortir. Écris ! écris ! n’est-ce pas ?

P. V.


Quel mobile avait pu décider Verlaine à recommencer ses essais de culture, qui trois années auparavant, à Juniville, à quelques kilomètres de Coulommes, lui avaient si mal réussi ?

L’explication est assez embarrassée. Verlaine, on l’a vu déjà, avait toujours beaucoup aimé la campagne. Les premières lettres qu’on a lues de lui, datées de Lécluse, à l’époque où il venait de passer son bachot, témoignent