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que le goût du beau, dans la seule partie du public dont le poète puisse avoir cure, s’est anobli ; car la poésie ne vit, ceci est hors de question, que de hautes généralités, que de choix parmi les lieux communs, que des plus fières traditions de l’âme et de la conscience ; entre tous les arts, dont elle est l’aînée, et dont elle reste la reine, elle répugne à la laideur morale, et, même dans ses manifestations les plus erronées, poèmes purement voluptueux ou d’une mauvaise philosophie, garde-t-elle ce décorum, cette blancheur de péplum et de surplis qui écarte le vulgaire obscène ou méchant, et s’en fait haïr comme il faut… »

On ne saurait mieux définir la mission du poète et l’œuvre de la poésie.

Beaucoup moins juste, et certainement blâmable, est la boutade de Verlaine sur Victor Hugo. Il avait beaucoup admiré, et, comme nous tous, imité fortement le maître, en ses premiers vers. De plus, il avait été accueilli par lui avec bonté et même flatterie. (Victor Hugo récita des vers des Poèmes Saturniens à l’auteur, presque encore débutant et ignoré, le visitant à Bruxelles.) Il y eut un peu d’ingratitude en son irrévérencieuse affectation à rabaisser le genre du grand, du plus grand des poètes du xixe siècle, qui en compte tant d’excellents, et dans cette louange blagueuse donnée à Gastibelza ou à la Chanson des Pirates qui partaient d’Otrante. C’était du virus blasphématoire inoculé par Rimbaud.

Voici un résumé des injustes bouffonneries de Verlaine, — nous avons dit qu’il aimait souventefois à rire, d’un rire vulgaire, un lourd ricanement, avec une soudaine propension à la parodie. — Il ne faut pas plus prendre au sérieux et au définitif ses exubérantes far-