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mais sincère et chaude comme ma main quand elle serre la tienne.

P. V.


Les Mémoires d’un veuf contiennent donc, ainsi qu’il a été dit plus haut, des articles courts publiés dans le Réveil. Ce sont généralement des tableaux parisiens, ou champêtres, comme Auteuil, les Chiens, Nuit noire, Nuit blanche, Un bon coin, Par la croisée, À la campagne, descriptifs et ironiques ; ou des rêveries et des fantaisies, dans la manière des Petits poèmes en prose de Baudelaire : Quelques-uns de mes rêves, Palinodie, Mon hameau, la Morte, Ma fille, les Fleurs artificielles ; des sensations et des hallucinations : Jeux d’enfants, Corbillard au galop (souvenir d’une impression ressentie ensemble, rue Fontaine, de la brasserie de ce nom, et que j’avais résumée en une pièce de vers parue dans le Nain Jaune, 1869), et enfin, des souvenirs attendris ou des rancunes personnelles, comme dans Bons bourgeois, tableau d’une querelle domestique, Formes, où l’avoué Guyot-Sionnest et son étude sont portraicturés, et À la mémoire de mon ami XXX.

C’est notamment à ce fragment que Verlaine faisait allusion dans sa dédicace, quand il parlait de ces passages que, seul, avec deux ou trois autres personnes, je pouvais comprendre.

Ce passage, où Verlaine évoque, à une table de café jadis fréquenté par nous, le souvenir d’un camarade de jeunesse disparu, où lui apparaît, à travers des larmes lentes à couler, l’être élégant et fin de vingt ans, dont il ranime la tête charmante, « celle de Marceau plus beau, » dit-il, en son enthousiasme posthume, se rapporte, non pas à Lucien Létinois, mais à un ami de plus lointaine date, nommé Lucien Viotti. Ce brave et gentil garçon