Ce volume était tout bonnement Sagesse. Ce fut, non pas comme un des plus beaux livres de notre littérature, comme le seul poème religieux que le xixe siècle ait produit, que Sagesse eut les honneurs de l’impression, mais comme un recueil de cantiques nouveaux, susceptible de varier la monotonie du répertoire liturgique, où l’on célèbre, en vers de mirliton, le mois de Marie, le mois le plus beau, les âmes ferventes qui doivent goûter tous les dons du Seigneur, et le divin Enfant né pour le salut du monde. L’éditeur inconscient a acquis une gloire bibliographique incontestable. Assurément, comme chrétien, le fait d’avoir publié cet hymne supérieur a dû lui mériter une place d’honneur au Paradis, dans les chœurs célestes que dirige sainte Cécile, mais, comme libraire, il fit une détestable affaire.
Il en maugréa longtemps.
Ce livre qui, par la suite, devait placer Verlaine au premier rang des poètes, passa complètement inaperçu. Les premiers lecteurs désignés, les poètes, firent défaut. Nulle voix ne s’éleva dans la presse pour signaler l’apparition de ce recueil incomparable, d’une originalité surprenante. Je fis bien paraître un article élogieux justement sur ces poèmes, que je possédais pour la plupart, en manuscrit, et dont j’avais eu le plaisir d’être le premier lecteur. Mais j’écrivais cette année-là uniquement dans des journaux politiques, comme le Mot d’ordre. Mon article sur Sagesse, forcément écourté, ne tomba point sous les yeux de lecteurs que la poésie intéressait. La clientèle ordinaire du journal dédaigna un ouvrage qui paraissait « clérical ».
Sagesse eut, de plus, la malchance de n’être point en odeur de sainteté, ou mieux de publicité, auprès de la clientèle catholique. L’éditeur, mécontent de s’être