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certainement un cachet d’originalité et de profondeur qui ne se trouvait généralement pas dans le bagage pédagogique de ses prédécesseurs, et de ceux qui lui succédèrent. Il serait fort étonnant si quelque chose n’était pas resté de son enseignement à ses divers élèves de Stickney, de Bournemouth, et surtout de Rethel.

Assurément il n’était pas très fort en latinité et en autres matières universitaires, mais il avait un fond solide d’études classiques. Il connaissait bien les auteurs latins, ne manquait pas de notions sur le théâtre grec, et était suffisamment familier avec nos grands écrivains du xviie siècle. Il manquait peut-être d’éducation historique. J’avais une assez complète bibliothèque de livres d’histoire : hormis Agrippa d’Aubigné et quelques autres féroces mémorialistes du temps de la Ligue, qu’il consulta lorsqu’il songeait à écrire un drame dont Marie Touchet, la maîtresse de Charles IX, serait l’héroïne, jamais il ne m’emprunta de ces ouvrages. Il ignorait, je ne l’en blâme pas outre mesure, Mignet, Cantù, Gervinus, Draper, Buckle, Georges Avenel, Thiers, et même Michelet, dont il n’avait lu que la Révolution française et le volume de la Renaissance. Il possédait des aperçus historiques, par raccourcis et par aphorismes souvent paradoxaux. Il citait volontiers cette phrase par à peu près de Michelet : « C’est au café que la Révolution Française s’est faite », allusion aux rencontres des philosophes, des nouvellistes, des grands seigneurs athées et novateurs, au Procope. Je le soupçonne d’avoir surtout puisé ses jugements historiques dans le volume de Barbey d’Aurevilly consacré aux historiens.

Mais, histoire et mathématiques à part, car il n’entendait rien aux chiffres et aux lettres algébriques, Verlaine peut être considéré comme ayant rempli, non seu-