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t’enverrai de formidables tranches, pour que tu goûtes ce régal « délicat ».

Ville insignifiante ; filatures, campagne (ou plutôt champagne) pouilleuse, pelée, crayeuse, d’assez beaux bords d’Aisne, ou de canal des Ardennes ; une église digne d’être vue, mi-partie gothique, avec une tour du xve siècle ; population ouvrière et buveuse de vins. Reims à proximité, où été l’autre jour. Grande ville, belle cathédrale, splendide église Saint Rémy, vestige du ve siècle, intelligemment restaurée — une statue de Louis XV « beau comme les amours » en bronze, en empereur romain, et ces vers, du temps, sur le piédestal :


De l’amour des Français éternel monument,
            Apprenez à toute la terre
Que Louis en nos murs jura d’être leur père
             Et qu’il a tenu son serment.


Amusant, n’est-ce pas ? et là, au fond, heureux temps, où la politique s’en tenait là !

Tu vas me répondre bien vite, bien long, n’oubliant pas de m’envoyer le Chien, à partir de la 2e partie.

Si quelquefois, en ta qualité de publiciste influent, tu pouvais te procurer à l’œil, la Tentation de Saint Antoine de Flaubert, livre, paraît-il, assez intelligent des matières traitées, envoie, je te prie, dès que possible.

Tu m’écriras au collège Notre-Dame ;

Rethel (Ardennes)


et ne communiqueras mon adresse à personne.

Ma famille, M. Istace et Nouveau sont les seuls à Paris à connaître mon actuelle « Thébaïde ». Donc, motus, même aux anciens camarades, quels qu’ils soient, parnassiens, cabanéristes, ou autres. Je ne veux plus connaître que juste de quoi emplir cette maison de Socrate qui s’appelle l’amitié.

J’espère que tous chez toi vont bien.

Ton vieux et fidèle,
P. V.


Verlaine fut sans doute, dans ces divers établissements un professeur plutôt exceptionnel, mais ces leçons eurent