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Ci-joint un petit acompte sur l’énorme tas de vers en question.

Après un certain temps passé à Paris, où il séjourna inaperçu, évitant plutôt que recherchant ses anciens camarades, il trouva, par son ami Ernest Delahaye, professeur dans un collège ecclésiastique à Rethel, un emploi qu’il accepta. Il se décida, assez brusquement, à ce nouveau changement d’existence. Il m’informa en ces termes de son entrée au collège Notre-Dame.


Rethel, mercredi 14 novembre 1878.
Mon cher Edmond,

Tu auras compris que si je n’ai pas pris congé de toi, et ne l’ai pas écrit depuis ces six semaines, c’est qu’il y a eu impossibilité absolue. La veille de mon départ, je comptais encore sur une bonne semaine de loisir à Paris, et me proposais le plaisir de te demander à déjeuner en ton castel de Bougival, lorsqu’une lettre du directeur d’ici m’appela pour le lendemain, par le premier train, au plus tard.

Depuis, il m’a fallu m’organiser, et remettre toute correspondance un peu étendue.

Aujourd’hui que me voici à même de respirer un peu, je viens te dire un cordial bonjour, ainsi qu’à tous chez toi.

Je suis ici professeur de littérature, histoire, géographie et anglais, — toutes choses amusantes et distrayantes. Régime excellent. Chambre à part. Nulle surveillance « pionnesque ». Rien enfin qui rappelle les « boîtes » universitaires, lycées, collèges municipaux ou simples « bahuts ». La plupart des professeurs, latin, grec, mathématiques, sont ecclésiastiques, et je suis naturellement dans les meilleurs termes avec ces Messieurs, gens cordiaux, simples, et d’une bonne gaieté sans fiel et sans blague. En un mot ceci est une sorte de « buen » pour moi, où j’ai la paix, le calme et la liberté de ma façon de voir et d’agir, — bienfait inestimable. — Appointements raisonnables.

La politique expire à mon seuil, et je me livre en toute pondération à la littérature, non payante — hélas ! — (et encore !) sinon en satisfactions intimes, j’ai nommé les vers, dont je