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Il avait bien un asile toujours ouvert, avec un cœur toujours chaud, aux Batignolles. Sa mère l’attendait. Vivre avec elle serait doux. Oui, mais il y avait danger et indélicatesse aussi à choisir ce refuge. Mme Verlaine avait sa petite fortune bien écornée. Irait-il accélérer sa ruine, en dévorant le capital déjà grignoté, les revenus étant devenus insuffisants ? Non ! il n’entendait pas vivre aux crochets de la maman.

Il fallait donc organiser sa vie à part. Mais où et comment ? Des idées de labeur agricole, des appétences vagues de grande culture, lui vinrent à l’esprit. Il devait les reprendre par la suite. Pour le moment, bien qu’il eût grand goût pour la vie à la campagne, il écarta cette solution : il n’aurait probablement pas les capitaux nécessaires à sa disposition pour acheter ou louer une ferme, et puis il était par trop novice en exploitation rurale. S’il avait eu un de ses cousins, Dehée ou Dujardin, pour associé et pour précepteur rustique, sûrement il se fût improvisé paysan, mais le peu d’empressement qu’on lui avait témoigné, aussi bien dans les Ardennes qu’en Artois, lorsqu’il avait fait entrevoir aux siens ses intentions de se faire cultivateur, lui firent renoncer à ce projet. Ce n’était, comme on le vit plus tard, qu’un ajournement.

Fallait-il se retourner vers la littérature ? Mais d’abord quelle littérature ? Il savait, par moi, par bien d’autres, les difficultés du journalisme, combien les places étaient rares et disputées. Il ne se sentait aucune aptitude pour la politique, pour la polémique, pour les besognes régulières et pour ainsi dire administratives d’un journal, les plus sûrement rétribuées. Il ne pouvait et ne voulait fabriquer de la copie marchande : faits divers, comptes rendus, romans-feuilletons. Il se sentait peu disposé à