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jours après sa sortie de la prison de Mons. Il avait été libéré le 16 janvier 1875.


Fampoux, 25 janvier 1875, chez M. Julien Dehée,
près d’Arras.

Je réponds un peu tard, mon cher Edmond, à ta bonne lettre du 31 décembre dernier. Mais l’incertitude du jour de mon départ, l’ennui d’écrire per angusta, et aussi le désir de te surprendre par une brusque entrée matinale, — chose toujours plus amusante qu’une lettre, — m’ont retenu jusqu’à présent.

Je suis ici, depuis le 16 courant, en famille, chez d’excellents parents, avec maman. Je ne puis trop préciser le jour, ni même la probabilité d’un prochain retour à Paris. On est si gentil ici pour moi, il est si bon de respirer l’air, même boréal, de la campagne, que la grande ville ne me tente que tout juste. Toutefois je pense que nous ne tarderons plus guère à nous revoir, fin du mois, peut-être avant, peut-être après. De mes projets nous causerons : tu me trouveras probablement changé, bien changé !

Ma santé se remet rapidement. J’espère que la tienne et celle des tiens est satisfaisante.

Tu as raison de penser qu’une de mes premières visites sera pour toi, mon cher ami. Aurons-nous des choses à échanger !

Je te serre bien cordialement la main.

P. V.


Je ne revis Verlaine qu’en passant, pour ainsi dire. Un après-midi rapide de février, où nous égrenâmes le chapelet des souvenirs. Il repartit pour le Nord et les Ardennes. Visite à des parents rustiques. Ses mésaventures étaient ébruitées. Accueil plutôt froid. Encore sous l’impression de la cellule, et dominé par l’influence des conversations moralisantes avec l’aumônier de Mons, Verlaine réfléchit avec gravité et raisonna sa situation.

Il avait hâte de quitter ces demeures, devenues rébarbatives, d’une parenté mise en défiance. Que ferait-il ?