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XIII

PROFESSORAT EN ANGLETERRE ET À RETHEL. —
LUCIEN LÉTINOIS. — VERLAINE CULTIVATEUR
(1875-1881)

Mme Verlaine mère attendit donc son fils à sa sortie de prison. Que d’effusions ! quel bonheur de tenir son cher Paul serré sur sa poitrine ! Enfin ensemble ! Ce cri de joie fut double. Il y avait dix-huit mois qu’elle ne l’avait entrevu qu’à distance, sous l’œil d’un surveillant, entre deux grillages de parloir. Et lui, depuis la triste scène de Bruxelles, n’avait plus approché sa poitrine d’une poitrine amie.

Le libéré fut conduit à la gare et embarqué, administrativement. Il était sous le coup d’un décret d’expulsion, comme étranger.

Sa mère, qui fit le parcours dans le même train, jusqu’à la frontière, en troisième classe, au milieu de gaillards voyageant comme le poète, sous escorte, transférés ou expulsés comme lui, se hâta, le poteau franchi, de l’emmener se reposer, se refaire physiquement et moralement, dans sa famille, à Arras, à Fampoux, puis, de là, dans les Ardennes. Très heureux, il la suivit. Une vie nouvelle commençait. Faisait-il vraiment âme neuve ?

Il m’écrivit dès son arrivée chez ses parents, quelques