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paroles, trouvé bien après l’inspiration et la confection des pièces disparates qui composent cet intéressant recueil, quoiqu’en apparence suggéré par Mendelssohn, est comme le résumé et la synthèse de sa nouvelle théorie poétique.

Il convient aussi d’ajouter que les événements subis, l’incarcération, la double séparation de la famille et de la société, s’ajoutèrent au désir qu’éprouve tout poète, tout artiste, de chanter sa douleur, et de perpétuer par l’œuvre les moments pénibles de l’existence. L’art devient alors un puissant anesthésique. Verlaine se traita par la poésie personnelle, passionnée. Il renonça à la poésie de ses jeunes années. Les Poèmes Saturniens, les Fêtes Galantes, c’était la fleur régulière, cultivée, savante, éclose dans le parterre classique ou féodal, français ou exotique du Parnasse, les Romances sans paroles, Sagesse, et les autres poèmes indiqués dans la correspondance des prisons de Bruxelles et de Mons, qu’on vient de lire, c’étaient les fruits aux saveurs âcres, arrosés de larmes, mûris dans les ténèbres, les fleurs irrégulières et farouches de la solitude, semblables à ces végétaux aux reflets métalliques intenses, aux formes surprenantes et contournées, dont l’intérieur est rempli de cendres, et qui, parmi les orchidées, se sont développés dans les forêts aux voûtes épaisses, où le soleil, la vie joyeuse ne pénètrent jamais.

Les demandes en grâce avaient toutes été écartées, sans motif, probablement sans examen. Les Belges se montrèrent impitoyables. Nous avons établi que le délit [coups et blessures n’ayant pas occasionné une incapacité de travail], aux termes de la loi, ne devait entraîner qu’une condamnation maximum à quelques jours de prison. Le gouvernement belge se fût honoré en rectifiant