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deux jours de salle de police. Il trouva là nombreuse et amusante compagnie.


La connaissance avec mes compagnons, ouvriers affalés là pour menues fautes contre la discipline, du genre de la mienne, fut vite faite, grâce à une humeur spécialement communicative, et relativement toute ronde, que j’ai. (Mes Prisons, p. 9.)


Avec les « gouttes » passées en fraude, la fumée des pipes, les bavardages politiques, et certain pâté de perdreau, remis par sa femme, au moment du départ pour la prison du poste de l’avenue d’Orléans, et dégusté en cachette, en suisse, « dans ces conditions, acceptables en somme », les quarante-huit heures se passèrent vite, et le garde national puni rentra de fort belle humeur en ses foyers, où il lui fut répondu, à ses remerciements pour le succulent pâté de perdreau : — « J’avais, en effet, toujours entendu dire que le rat était une viande des plus friandes. »

La troisième « prison » est celle d’Arras, en 1872. Ce fut une simple conduite au poste de l’Hôtel de Ville, suivie d’interrogatoire et d’emballement dans le premier train pour Paris, à la suite d’une escapade en compagnie de Rimbaud, et des fumisteries, dans le buffet de la gare, que nous avons relatées.

La quatrième, la sérieuse, la vraie, est celle de Bruxelles et de Mons, pour l’affaire Rimbaud.

La cinquième incarcération est un peu plus obscure, et Verlaine s’est peu expliqué à son sujet. Ce fut à Vouziers, « ville gentille à l’extrême, presque vosgeoise, dit Verlaine, où je fus interné sous l’inculpation de menaces sous condition contre ma mère, crime, d’après le code pénal, puni de mort, poing coupé, nu-pieds… Ô maman !… Ô maman !… ô maman, en effet, pardonne-