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et blessures, à la suite d’une querelle à laquelle la morale n’avait rien à reprendre. La qualité d’étranger, les allures bizarres, l’intempérance et l’irrégularité de vie du pauvre poète bohème, et aussi les rapports défavorables venus de France, d’après les renseignements recueillis de la façon signalée plus haut, expliquent l’impitoyable jugement et l’arrêt confirmatif.

Je rappellerai, bien que la publication de ces documents judiciaires mette à néant la légende immorale, que Verlaine, au moment du procès en séparation de corps engagé par sa femme, et pour réfuter l’odieuse imputation énoncée dans la procédure, me consulta, par une lettre qu’on a lue plus haut, sur le point suivant : il demandait si le tribunal de la Seine l’autoriserait, dans la contre-enquête qui lui était réservée, à se soumettre, ainsi que Rimbaud, à une expertise médicale. En termes énergiques, il m’informait qu’il était disposé, ainsi que Rimbaud, à fournir à l’homme de l’art toutes preuves physiques que ses relations incriminées avec son jeune ami n’avaient jamais eu le caractère homosexuel, que leur attribuait l’articulation de faits de la demanderesse. Je le dissuadai de recourir à cette visite médicale, que le jugement n’aurait pas autorisée, qui n’eût probablement pas désarmé la calomnie, et n’eût fait, sans apporter de conclusion probante, définitive et irréfutable, que greffer le ridicule sur le scandale. Cette demande d’expertise, sans importance décisive au point de vue physiologique, prouvait seulement la bonne foi de l’incriminé, et sa sécurité quant à une démonstration anatomique, qu’il supposait, d’ailleurs à tort, être péremptoire.

Bien qu’il ait été fait mention, au procès de séparation de corps, devant le tribunal de la Seine, de cette imputation, appuyée surtout par des commérages litté-