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La balle, dont j’ai été atteint à la main, n’est pas encore extraite, le docteur d’ici m’a dit qu’elle ne pourrait l’être que dans deux ou trois jours.

D. — De quoi viviez-vous à Londres ?

R. — Principalement de l’argent que Mme  Verlaine envoyait à son fils ; nous avions aussi des leçons de français que nous donnions ensemble, mais ces leçons ne nous rapportaient pas grand’chose, une douzaine de francs par semaine, vers la fin.

D. — Connaissez-vous le motif des dissentiments de Verlaine et de sa femme ?

R. — Verlaine ne voulait pas que sa femme continuât d’habiter chez son père.

D. — N’invoque-t-elle pas aussi comme grief votre intimité avec Verlaine ?

R. — Oui, elle nous accuse même de relations, mais je ne veux pas me donner la peine de démentir de pareilles calomnies.

Lecture faite, persiste et signe.

Signé : A. Rimbaud ; Th. Serstevens ; C. Ligour.


Le Tribunal correctionnel, malgré le peu de gravité de l’affaire, condamna l’accusé à deux ans de cellule et à 200 francs d’amende !

Dans son réquisitoire, le ministère public signala Verlaine comme français, comme communard et comme poète. Ces trois qualités ne furent pas étrangères à la sévérité de la condamnation.

Sur le conseil de son avocat, le condamné interjeta appel, mais en même temps le ministère public, trouvant encore la sentence trop douce, interjeta, de son côté, appel à minima.

Une nouvelle instruction eut lieu ; derechef le témoin Arthur Rimbaud fut entendu.

Voici sa seconde déposition :


Extrait du dossier de l’instruction suivie à charge de Verlaine Paul, dossier no 408 de 1873, reposant au greffe de la cour d’Appel, séant à Bruxelles.