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tresse, sa vie conjugale brisé Verlaine avait cherché une dernière tentative de rapprochement, et avait supplié Victor Hugo d’agir, avec sa grande autorité, sur sa femme, de la pressentir pour un voyage à Bruxelles, de tâcher de la ramener à lui prisonnier, malheureux, implorant grâce, pitié et pardon.

On n’a pas le texte de cette lettre à Victor Hugo, mais en voici la réponse.

Le grand homme répondit par ce billet laconique, tant soit peu sibyllin :


Mon pauvre poète,

Je verrai votre charmante femme, et lui parlerai en votre faveur, au nom de votre tout petit garçon.

Courage et revenez au vrai.

Victor Hugo.


Que signifie cette exhortation à revenir au « vrai » ? À quel « vrai » faisait allusion Victor Hugo ? Verlaine était écroué pour coups et blessures, il avait besoin d’être signalé aux autorités belges, non pas comme le vagabond, l’ivrogne, le communard suspect et l’homme mal noté dans son pays que désignaient les fameuses notes de police, mais bien comme un artiste nerveux, impressionnable, incapable d’une mauvaise action, mais susceptible d’être entraîné à une violence passagère excusable, de plus, méritant, par ses talents, par sa situation sociale, par sa famille et son éducation, de ne pas être confondu avec les filous et les escarpes du Brabant.

En quoi y avait-il lieu de donner le conseil de revenir à une vérité quelconque ? De plus, Verlaine avait prié Victor Hugo de tenter une démarche de paix et de réconciliation avec la femme dont il était séparé volontairement ; quel rapport cette mission amicale et généreuse avait-elle avec une sorte de prédication en vue