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mité de Verlaine et de Rimbaud fut toute d’intellectualité et de commensalité. Les exemples, je l’ai indiqué plus haut, sont fréquents, dans l’histoire, de camarades vivant dans une intimité profonde, en dehors de toute sexualité. Cent exemples fameux prouveraient, s’il en était besoin, que des rapports d’amitié et de cérébralité ont pu exister entre deux hommes, sans qu’aucune imputation infâme pût être justifiée, ni même formulée avec vraisemblance et sincérité.


Il y a sans doute des passages énigmatiques, ou équivoques, dans l’œuvre de Verlaine. Ils ont pu tromper l’opinion sur la nature de l’affection très vive qu’il a montrée, à toutes les époques de son existence, pour des camarades comme Lucien Viotti, Létinois, Germain Nouveau, Cazals, etc., etc.

Il a écrit, en effet, ces vers :


Le bonheur de vivre à deux hommes,
Mieux que non pas d’époux modèles,
Chacun au tas versant des sommes
De sentiments forts et fidèles…


Mais leur interprétation est fort prosaïque, nullement passionnelle ; il s’agissait tout bonnement de la popote faite en commun, de la contribution de chacun au ménage de la garçonnière. Les vers suivants de la même pièce « Læti et errabundi » donnent le véritable contexte :


La misère aussi faisait rage,
Par des fois, dans le phalanstère,
On ripostait par le courage,
La joie et les pommes de terre.


Ce fut au cours de cette intimité poétique et pot-au-feu qu’éclata la rixe relatée plus haut, d’après le récit de Verlaine lui-même. Il est nécessaire, pour en comprendre les parties un peu obscures, d’éclairer la confession