Il en avait par-dessus la tête de cette intimité qui ne l’amusait plus, et qui lui paraissait peu sûre, depuis le lâchage subit et dissimulé de Londres. Il était venu à Bruxelles, uniquement pour obtenir les subsides nécessaires à un séjour à Paris, qu’il avait projeté. Verlaine, irrité de ce projet, lui refusa l’argent, que Rimbaud avait déjà vainement essayé d’extorquer à Mme Verlaine.
Une querelle vive s’ensuivit, qui eut pour dénouement la scène tragique, à la suite de laquelle le poète fut arrêté et traduit devant les tribunaux belges.
Verlaine a raconté cette scène, sur le ton comique, dans son livre : Mes Prisons, mais son récit est incomplet.
Le voici, dans sa teneur tourmentée, tout chargé d’incidences et d’atténuations favorables à Rimbaud, qui pourtant l’avait fait arrêter. Verlaine avait le sens du repentir et le goût du remords très développé.
En juillet 1873, à Bruxelles, par suite d’une dispute dans la rue, consécutive à deux coups de revolver, dont le premier avait blessé sans gravité l’un des interlocuteurs, et sur lesquels ceux-ci, deux amis, avaient passé outre, en vertu d’un pardon demandé et accordé, dès la chose faite, celui qui avait eu le si regrettable geste, d’ailleurs dans l’absinthe auparavant, et depuis, eut un mot tellement énergique, et fouilla dans la poche droite de son veston, où l’arme, encore chargée de quatre balles, dégagée du cran d’arrêt, se trouvait par malchance, ce d’une tellement significative façon, que l’autre, pris de peur, se sauva à toutes jambes par la vaste chaussée (de Hall, si ma mémoire est bonne), poursuivi par le furieux, à l’ébahissement des pons pelches, traînant leur flemme d’après-midi sous un soleil qui faisait rage.
Un sergent de ville, qui flânait par là, ne tarda pas à cueillir délinquant et témoin. Après un très sommaire interrogatoire, au cours duquel l’agresseur se dénonça plutôt que l’autre ne l’accusait, et tous deux, sur l’injonction du représen-