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puis supprimé par un coup de sabre du général Ladmirault, en vertu de l’état de siège, et que nous faisions revivre [Valentin Simond en était le directeur] sur le territoire sénonais, l’Yonne étant en dehors de la zone soumise à la juridiction militaire, et à proximité de Paris.

Mon séjour forcé à Sens, et l’installation d’une imprimerie pour la publication quotidienne du journal le Suffrage universel, se rapportent directement à l’histoire des œuvres de Verlaine. C’est à Sens, en effet, que je pus imprimer et éditer les Romances sans paroles.

Verlaine me répondit du Luxembourg :


Jehonville, par Bouillon, 6 mai 1873.
Mon cher ami.

Je reçois une lettre de M. B…, m’offrant ses services comme avocat. Recommandé par toi, il est accepté. Tu peux le lui dire.

Mais, avant que d’entrer en relations avec lui, je désirerais savoir de toi, — ainsi que je te le marquais déjà dans une lettre déjà vieille, restée sans réponse, — fût-ce approximativement, par on-dit, et Paris et notre monde en particulier sont, j’espère, le pays des on-dit, où en est ma femme ?

Je suis, en ce moment, après un mémoire, extrêmement détaillé, mais qui serait sans effet, si je restais ignorant de ce qui concerne ma femme, comme il me serait douloureux, si je devais conserver quelque espoir, quel qu’il soit. Je t’en conjure, écris-moi vite, fût-ce en deux lignes, ce que tu sais et ce que tu penses. C’est plus qu’un service, cela ! C’est pourquoi je te prie de ne mettre aucun retard en ta réponse. Dès celle-ci reçue, selon ce que je saurai, j’écrirai à M. B… Quant au référé, je pense qu’il a toutes pièces en main.

Quand tu verras Blémont, dis-lui que voilà un mois que je n’ai reçu la Renaissance, malgré trois réclamations.

Ton vieux,
P. Verlaine.


L’espérance d’une réconciliation chantait toujours aux