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les atmosphères de « préjugés vaincus » où se meut cette étrange abandonnée. D’autres pourraient, à ma place, épier, en quelque sorte avec joie, l’instant de la « crise » inévitable, et s’en faire une arme. Mais je ne suis pas de ceux-là, parce qu’avec ma tête folle, et mes allures de hanneton, j’ai le fonds grave, et étais né, par le fait, « indeed », pour un bonheur calme et pour l’affection paisible.

C’est non la triste curiosité, mais uniquement parce qu’il faut que je me rende compte de tout (je saurai pardonner, à la rigueur), que je te demande, confidentiellement, ce que tu dois savoir, induire, ce que tu peux conseiller. J’ai maintenant tout mon calme, et je saurais tout apprendre de sang-froid, comme aussi profiter des avis donnés par mon vieux camarade, en qui j’ai toute ma confiance. Ceci est trop grave, n’est-ce pas ? pour que j’aie besoin de te recommander toute discrétion.

2o J’aimerais aussi à connaître l’opinion actuelle.

3o Tu dois comprendre que j’attache beaucoup d’importance à la publication du volume [Romances sans paroles] avant le procès, car après, ça aurait l’air de vouloir exploiter le retentissement-réclame que ça fera.

Donc, pourrai-je, chez Lachaud, par exemple, ou Dentu, peu m’importe ! — j’ai trop d’ennemis, pourquoi, grands dieux ! chez Lemerre, pour y songer, — faire imprimer vite, très modestement, et avec quelque délai, ou sans, s’il le faut, 468 vers purement littéraires ? Surtout, auras-tu assez de loisir (je ne mets pas en doute ta bonne volonté) pour t’occuper un peu de cela et pour m’envoyer les épreuves ? Qui à ta place ? Blémont ? Mais je le crois aussi bien occupé, enfin réponds-moi !

À toi
P. V.


Cette lettre indiquait une préoccupation toute spéciale. Mon ami me demandait des renseignements « particuliers », comme s’expriment les rédacteurs de circulaires émanant de ces agences Tricoche et Cacolet, qui se chargent des surveillances conjugales.

Je m’empressai de répondre que je n’avais rien appris