M. Istace et celle des deux avoués ; tu sais que le mien est Me Perard, rue du Quatre-Septembre. Tu as d’ailleurs reçu mon pouvoir. — Par des retards, d’ailleurs très concevables, vu l’état de la mer, les lettres sont à présent très irrégulièrement expédiées et distribuées ; c’est encore une raison de ma loquacité.
Comment est-ce qu’on procède ? Est-ce que les deux avoués se mettent en rapport ? Cela me semble logique, afin qu’il n’y ait nulle surprise le jour de l’audience. Mais il n’y a pas de logique avec la loi, que tous sont censés connaître. Donc veuille me renseigner et renseigner ma mère. Renseigne-la aussi sur les reprises permises à l’adversaire, sur le droit, selon moi monstrueux, qu’il pourrait avoir de garder mes livres, mes vêtements et mes correspondances, papiers et souvenirs personnels. Enfin, je t’en supplie, puisque tu m’as offert ton bon concours, fais diligence autant que tes occupations te le permettront, et, quand tu m’écriras, dis-moi tous les propos, cancans.
Vois-tu toujours ma femme ? les Sivry, Carjat, Pelletan ? T’a-t-on fait part des preuves ! ! des aveux ! ! des lettres ! ! ! des projets, des arrière-pensées ? Qu’est-ce que c’est que ces gens qui sont venus chez ma mère, au sujet de Rimbaud, soi-disant ? Et cette invitation à mol adressée par le commissaire de police d’avoir à me présenter devant lui tel jour, alors que le commissaire de police, étant du quartier Nicolet, savait parfaitement, par les démarches faites auprès de lui par les Mauté, lors de mon départ de Paris, que je n’y demeurais plus ? Ma mère t’a-t-elle fait part de la très folle lettre, commençant par « ma chère maman », et signée « Anna » (qui est le nom de la bonne que j’avais, rue Cardinal-Lemoine), laquelle lettre, datée de Liège, pour Bruxelles, est parvenue à mon adresse, à mon hôtel, trois jours après le retour à Paris de ma mère, et un jour après l’apparition, à la poste restante, d’une grosse dame, marquée de petite vérole, très rouge, petite, et vêtue d’une robe couleur sombre, laquelle dame a demandé mon adresse que j’ai immédiatement donnée à l’employé ? T’a-t-elle dit aussi que, quelques jours auparavant, un Monsieur avait fait la même démarche, que, malgré les adresses données, personne ne s’est présenté à mes domiciles, lesquels d’ailleurs n’ont jamais été ignorés de mes beaux-parents ?