Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/308

Cette page a été validée par deux contributeurs.

inouïe dans des rues assez étroites, noires, mais flanquées de belles maisons : offices, banques, entrepôts, etc. — Poussé, l’autre jour, en bateau jusqu’à Woolwich, — les docks sont inouïs : Carthage, Tyr, et tout réuni, quoi ! — Regent Street, le beau quartier, heu ! heu ! la Chaussée d’Antin du temps de Louis-Philippe : étalages de province, passants mis comme des sauvages endimanchés, peu de voitures, pas d’équipages !

En résumé, sauf son immensité, et sa très imposante activité commerciale, presque effrayante même pour tout autre qu’un parisien, Londres est un immense Carpentras — et moi qui viens de Bruxelles tant moqué, je déclare Bruxelles une très charmante ville (400,000 habitants), plus belle et plus riche en beaucoup d’endroits que Paris, regorgeant de splendides cafés, restaurants, théâtres, et autres lieux, tandis que le fameux London ne peut être aux yeux du Sage qu’un Carpentras dégingandé, je le répète, et encore peut-être calomniè-je Carpentras.

Lissagaray pas encore de retour. Dès que, porterai lettre.

Merci des bons détails pratiques. J’en profiterai, j’ai écrit à ma femme relativement au rapatriage de mes affaires. Si récalcitrante, agirai autrement.

Bien triste tout de même de toutes ces indélicatesses, grossièretés, perfidies vulgaires, et fractures récidivistes de tiroirs. Plus triste encore de cet abandon de moi par ma femme, en faveur d’un tel beau-père. Je dis abandon, puisque je n’ai cessé de l’appeler auprès de moi, et qu’elle ne m’écrit même plus, après avoir été déblatérer follement sur moi et insulter ma mère, à qui elle n’envoie même pas mon fils ! Dis tout ça aux « ébahis » d’entre nos amis.

Écris-moi souvent.

Compliments chez toi.

Cordialement
P. V.


Autre lettre, mêmes sujets.


Mon cher Edmond,

D’abord des reproches sur ton absence de lettres, — puis, avant la suite des détails londoniens, — quelques conseils que je te vais demander.