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sauf les répliques légales, voulues par la procédure. Je lui recommandais surtout d’éviter de donner trop de publicité au motif en question, invoqué dans l’assignation. On le connaîtrait toujours assez, et la malignité publique ne s’en emparerait que trop aisément.

Il voulait, dans sa fureur, se transporter à Paris, afin de trouver l’avoué de sa femme, Me Guyot-Sionnest, rue Richelieu, avec l’intention de lui casser les reins. Je le dissuadai de cette violence, ridicule autant qu’inexécutable vraisemblablement, et lui dis que, dans un duel de procédure, les avoués se battaient pour leurs clients à coups de papiers timbrés, qu’on nommait, sans doute pour cela, des exploits. Je l’engageai tout bonnement à confier à son avoué. Me Pérard, le soin de riposter à son confrère.

Il me répondit par la lettre suivante, où il proteste une fois de plus contre l’odieuse accusation :


Londres.

Merci de tes bons conseils, mon cher ami, je les suivrai, bien qu’il m’eût été doux de quelque peu confondre tout de suite leurs abominables calomnies, dont on me crible, dans je ne sais quel but de chantage. J’avais, à cet effet, préparé un mémoire, qui alors me servira plus tard. Là-dedans j’expose avec lucidité, et, je le crois, avec une émotion communicative, tout ce que cette malheureuse m’a fait souffrir, et tout ce qui a amené mes morosités de la fin. Quant à l’immonde accusation, je la pulvérise, pensè-je, terriblement, et en rejette tout le dégoûtant opprobre sur ses auteurs. J’y dis les inouïes perfidies de ces derniers temps, et je démontre, clair comme le jour, que toute cette affaire contre nature, qu’on a l’infamie de me reprocher, est une simple intimidation (sive chantage), à l’effet d’obtenir une pension plus grosse. Tous les illogismes, indélicatesses, mensonges et ruses, tout y passe. J’y expose, dans une analyse psychique, très sobre, mais très claire, sans phrases ni paradoxes, les mobiles hautement honorables et sympathiques de ma très réelle, très profonde et très persévé-