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God save. Ah ! par exemple, on y bafoue les Jésuites, et, je ne sais comment les pitres chargés de cette exécution ressemblent tous à Leconte de Lisle. C’est inouï de ressemblance.

D’ailleurs, la Tamise est superbe ! Figure-toi un immense tourbillon de boue : quelque chose comme un gigantesque goguenot débordant. Ponts véritablement babyloniens, avec des centaines de piles en fonte, grosses et hautes comme feue la Colonne [la Colonne Vendôme n’était pas encore réédifiée à cette époque], et peintes en rouge-sang.

Il fait, depuis mon arrivée, un temps superbe, c’est-à-dire imagine un soleil couchant vu à travers un crêpe gris. Mais grâce à l’inouïe circulation de voitures, cabs, omnibus, infects par parenthèse, tramways, chemins de fer incessants sur des ponts de fonte splendides de grandeur lourde, passants incroyablement brutaux, criards, les canards doivent être d’origine anglaise, l’aspect des rues est sinon parisien, — ô blasphème ! — du moins très distrayant.

À une autre lettre plus de détails ! et des dessins.

Ah ! un nota bene : tout ce que je t’ai dit relativement aux haillons ne s’applique qu’aux beaux quartiers, Regent street, Piccadilly, Leicester, Trafalgar, Mansion House. Zuze un peu quand j’aurai vu les vrais quartiers pauvres !

Au résumé, très inattendu, tout ça, et cent fois plus amusant que les Italie, Espagne et autres bords du Rhin. À un prochain courrier, détails sur les dimanches ici.

Ci-joint un poème nouveau. Qu’est-ce que ce feuilleton promis ?

Ton vieux
P. Verlaine.

J’aurai sans doute bientôt une demeure fixe : t’auras l’adresse et n’en parleras pas trop.

Ici pas vu de Français, sinon Régamey — très gentil. — Peut-être logerai-je dans l’ancien room de Vermersch, qui vient de se marier, l’insensé ! J’espère voir bientôt tous ces « bons bougres ».


D’autres lettres, même époque, donnent la suite de ses impressions anglaises.


Croquis londoniens. — Vu les mannequins de Guy Fawks,