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milieu, de sentiments, d’interventions légales, de partages d’actif, de règlement d’intérêts, de changement de train de vie. Ce déclanchement vital finit par se concevoir comme une opération simple et aisée. On se prépare lentement à cette grave perturbation, et l’incubation du divorce légal et effectif se fait dans la vision anticipée de la séparation. En envisageant l’époque où l’on sera étrangers l’un à l’autre, on s’accoutume à l’être, et le ménage est disloqué dès qu’on parle de le rompre.

Verlaine, cependant, en confessant ces tristes événements domestiques, avait les yeux à demi-pleins de larmes. Comme il le dit et le redit dans ses lettres, il aimait sa femme, et souffrait cruellement de la situation. Il en était évidemment en grande partie l’artisan. La douleur n’en était pas moins vive.

Il était faible ; il lui était impossible de résister aux tentations extérieures ; la boisson s’emparait de lui, et, dans l’ivresse, il n’était maître ni de ses paroles ni de ses actes. En outre, Rimbaud était venu ajouter un vigoureux ferment de division, et, comme un acide, sa présence avait rongé les derniers liens qui pouvaient unir les deux époux.

Mme  Mathilde Verlaine, profitant des relations de son mari avec Rimbaud, et tenant pour exacts des commérages colportés au sujet de l’intimité des deux amis, avait fermé la porte de sa chambre à coucher ; c’était une rupture définitive déjà. De plus, les hommes d’affaires s’en étaient mêlés. Me  Guyot-Sionnest, avoué, fut chargé d’occuper pour Mme  Mathilde Verlaine ; de son côté, Verlaine avait dû faire choix d’un mandataire, en la personne de Me  Pérard, avoué, rue Rossini.

Un des amis de la famille, connaissant les affaires,