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gement de la législation, et Naquet n’avait pas encore parlé ; mais le régime de la séparation de corps leur paraissait préférable pour leur enfant à une vie commune, pénible et inquiétante. Ils préparaient déjà les éléments d’un procès, et le départ du gendre favorisait trop leurs désirs secrets pour qu’ils missent une grande ardeur à retenir l’émigrant.

On aurait pu, on aurait dû user de plus de ménagements envers ce tempérament nerveux de poète, que surexcitaient encore des excès alcooliques. Verlaine était docile et maniable. Il se fût laissé reprendre et conduire. Il ne demandait qu’à être pardonné, réconforté, consolé, gardé. Il avait, sans doute, besoin de beaucoup d’indulgence, et l’on devait se préparer à multiplier les pardons.

Deux personnes avaient de l’action sur lui, sa mère et sa femme. Mme Verlaine mère, trop indulgente pour les écarts de son fils, mécontente d’ailleurs des parents de sa belle-fille, auxquels elle reprochait d’avoir trop bien veillé aux intérêts de l’épousée, lors de la confection des conventions matrimoniales, chez Me Taupin, notaire à Clichy-la-Garenne, ne s’interposa point vigoureusement et consentit au départ de son fils. Elle lui fournit même des subsides. C’était un encouragement fâcheux, cet argent. Sans viatique, Verlaine ne pouvait commencer cette existence vagabonde, qui fut sans profit, même cérébral, pour lui, et qui devait le conduire aux plus mauvais ports. Quant à la jeune femme, un peu lasse des brutalités de son mari, que suivaient, dans les énervements dus à l’alcool, des expansions trop énergiques et des exigences conjugales trop passionnées, elle soupira après la délivrance du joug marital. Elle ne fit rien pour conserver près d’elle, pour sauver cet époux