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audacieusement au maire, et exigeait un logement et un bon de pain.

Après ce retour à Charleville, il ne resta que deux mois chez ses parents, et pour la troisième fois, en mai 1871, il reprenait le chemin de Paris, toujours à pied, au milieu des Allemands qui sillonnaient le pays. Une fois, aux environs de Villers-Cotterets, il faillit être pris dans une patrouille de uhlans, et il n’eut que le temps de se jeter dans un fourré, et de s’y blottir, pour éviter d’être foulé sous les sabots de l’escadron.

À Paris, il tomba au milieu de l’insurrection. Il se présenta aux portes en déclarant qu’il venait de province, qu’il était de cœur avec les communards, et voulait se joindre à eux. Le franc-tireur se faisait, pour la circonstance, fédéré. On l’accueillit avec enthousiasme, mais, comme l’insurrection touchait à sa fin, il ne fut ni équipé ni armé. Il logea à la caserne de Babylone. Il s’échappa à temps, quelques jours avant l’arrivée des troupes de Versailles.

Après avoir retraversé de nouveau les lignes allemandes, il retourna à Charleville, rimant le long des routes des poèmes étranges. Il composa, entre autres pièces, en cheminant, une ode intitulée : « l’Orgie parisienne », souvenir de son passage dans les rangs des insurgés.

Cette fois, il demeura quatre mois à Charleville, écrivant des vers, des poèmes en prose, indignant les bourgeois de la ville par son sans-gêne et son aspect bohème.


Moi, je suis débraillé comme un étudiant.
Sous les marronniers verts, les alertes fillettes,
Elles le savent bien, et tournent en riant
Vers moi leurs yeux bleus, pleins de choses indiscrètes,


disait-il, narguant les allures paisibles et correctes des