Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/250

Cette page a été validée par deux contributeurs.

M.D.CCC.LXX. » Le volume comporte 38 pages seulement. Sur la dernière feuille cette mention : « Achevé d’imprimer le douze juin mil huit cent soixante-dix, par L. Toinon et Cie, pour A. Lemerre, éditeur à Paris. »

Nous ne possédons qu’une sélection des pièces tendres et amoureuses que Verlaine écrivit durant sa fièvre d’attente nuptiale.


Beaucoup d’entre ces presque improvisations, a-t-il dit, furent supprimées lors de la remise à Alphonse Lemerre du manuscrit définitif, et je les regrette, en vérité, aujourd’hui… Ces pièces sacrifiées valaient certainement les autres, et j’en suis à me demander pourquoi cet ostracisme… puritain peut-être… (Confessions. — Deuxième partie.)


Verlaine semble indiquer qu’il sacrifia ces pièces à cause de leur vivacité. Elles étaient cependant destinées à une jeune fille, envers laquelle il observait la plus extrême délicatesse. Une pièce conservée, d’un ton un peu plus chaud, et qu’il déclare n’avoir envoyée à son innocente destinataire qu’atténuée, avec des traits trop caractéristiques effacés, préparait la fiancée aux initiations nuptiales. Il évoquait l’instant


… où sous mes mains libres enfin
Tombera l’armure impuissante
De la robe et du linge fin…


Hélas ! ne devais-je pas, ajoute le poète, surpris rétrospectivement de ce scrupule, chanter d’autres Chansons (par ex : Chansons pour Elle, Odes en son honneur), desquelles du moins la moindre hypocrisie, disons mieux, la moindre retenue est, on croirait, soigneusement bannie, et à propos desquelles je n’ai nul repentir, mais qui, bien au contraire, bercent pour les réveiller plus ardents, plus fauves, mes désirs tout, ou presque, à la chair maintenant.


Verlaine a témoigné à plusieurs reprises de sa prédi-