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teux de trouver le nom à donner à l’abstinence, au jeûne, et j’étais comme quelqu’un à qui — excusez l’expression vulgaire pour caractériser un sentiment vulgaire — on aurait promis plus de beurre que de pain, et qui n’aurait ni pain ni beurre.


Mais enfin la maladie diminua d’intensité, la convalescence se produisit et le mariage fut fixé à la première quinzaine de juillet. Mais alors, nouveau contre-temps : la mère fut prise à son tour du mal ; l’épidémie sévissait dans la maison.

Mme  Mauté guérit assez rapidement, et le mariage fut enfin décidé pour le mois d’août.

Verlaine s’absenta quelques jours, pour aller en Normandie. Il était invité chez une très brave femme, ayant le cœur sur la main, pas belle, plutôt d’allures rustaudes, destinée plus tard à des aventures singulières dont les tribunaux ont retenti, car elle fut dépouillée successivement par plusieurs galants sans scrupules, auxquels elle s’était imprudemment abandonnée : elle se nommait la marquise de Manoury. Très hospitalière, généreuse, aimant à recevoir, à héberger, ayant une certaine fortune, elle recherchait les poètes, les artistes, et surtout ceux qui avaient l’air bohème : le manoir normand était une véritable annexe de la maison Nina.

Cette courte absence de huit jours avait été conseillée à Verlaine, dont l’impatience redoublait à mesure que la date du mariage approchait, et qui devenait tellement irritable que l’on craignait qu’il ne tombât malade à son tour. Mathilde avait commandé un éloignement de huit jours, et, docile, il avait obéi.

Pendant cette absence, il écrivit de nombreuses lettres, rima beaucoup de pièces de vers, dont malheureusement la plupart ne figurent pas dans le recueil de la Bonne Chanson, ont même été perdues. Il revint