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Verlaine laissa de côté cette décision à prendre sur la dualité des couches nuptiales, en se remémorant « la sainte ignorance de sa si puérilement bien zézayante » fiancée.

Verlaine s’était donc mis à entamer sa cour par lettres. Cette façon de faire le galant lui était la plus avantageuse. Ses badinages épistolaires étaient toujours intéressants, humouristiques, amusants ; de plus, assez souvent il écrivait en vers, composant au fur et à mesure de ses sensations, de ses désirs, de ses impatiences, ces stances délicates et charmantes, qu’il devait ensuite réunir en volume, sous ce titre, devenu plus tard ironique, la Bonne Chanson.

Ce travail poétique ne faisait qu’aviver son rut mental, qu’achever son inflammation cérébrale et cardiaque. La composition, le choix des mots, la recherche des rimes, tout l’effort lyrique rendaient plus intense et plus dévorant le feu qu’il avait lui-même allumé, et qu’il attisait fébrilement, chaque jour, du bout embrasé de ses strophes ardentes.

Enfin la famille Mauté revint de Normandie, et l’entrevue si désirée eut lieu, rue Nicolet, après le dîner. Il a raconté lui-même, avec bonhomie, cette présentation, où il y a toujours de part et d’autre un peu de convenu et d’apprêté. Selon les traditions, comme tout homme se rendant à un premier rendez-vous, ou à une entrevue matrimoniale, il avait soigné exceptionnellement sa toilette, et sa mère avait dû faire et refaire le nœud de sa cravate Lavallière.

Introduit au salon de la rue Nicolet, ce fut d’abord la mère de la jeune fille qui vint l’encourager d’une poignée de main, et d’un sourire. Elle le présenta aussitôt à son mari M. Mauté. C’était un ancien notaire rural, à