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qu’elle n’était pas repoussée, et qu’aucune objection sérieuse ne lui était faite. Il revint à Paris avec Sivry, et prévint sa mère. Mme  Verlaine, un peu surprise de la détermination inattendue de son garnement de fils de « faire une fin », de se ranger, de devenir homme sérieux, de s’établir, comme on dit en Artois, ne se montra pas mécontente. La famille Mauté, qu’elle connaissait un peu, par ma mère, par Mme  Bertaux, lui parut convenable. Elle fit toutefois la grimace quand Paul lui dit qu’il n’y avait pas à compter sur une dot. Mais ce qui l’emportait, dans son esprit, sur toute autre considération, c’était l’existence régulière que son fils allait désormais mener. Un homme marié ne pouvait continuer à courir les estaminets. Elle avait trouvé Paul, un matin, allongé dans ses draps, son chapeau haut de forme, tout maculé de boue, sur la tête. Il prendrait certainement, grâce à la vie conjugale, de meilleures habitudes.

La bonne maman Verlaine avait déjà observé un changement notable dans son fils. Il était descendu de wagon sans s’arrêter dans les cafés de la gare du Nord, et en l’embrassant, à l’arrivée, elle n’avait perçu aucun arôme alcoolique. Il était donc resté sobre, en route, et il n’était pourtant pas malade. Grave sujet de surprise.

Cet heureux changement continua. Durant les premiers temps de son retour, Verlaine but moins. Il avait peur d’être invité à venir déposer ses hommages, sans avoir eu le temps de dissiper les fumées alcooliques. Il avait assez la connaissance de ses faiblesses pour se défier des circonstances et des entraînements. Il devait redouter qu’à une première entrevue, car l’autre n’avait guère compté, il lui arrivât de se présenter dans un état de surexcitation déconcertant, l’œil hagard, le geste sac-