positivement qu’une illusion, puisque, sans la cérébralité férue d’identité, il serait partout équivalent, partout satisfaisant.
Jamais je n’ai vu, dans sa jeunesse, Verlaine donner le bras à une femme. Il ne me parla jamais d’entreprendre une de ces charmantes parties de campagne à deux, parfois à quatre, à six, à huit même, qui laissent dans la mémoire de si gais souvenirs ! Je canotais souvent, le dimanche, à Joinville-le-Pont ; il ne voulut jamais m’accompagner. Ce n’était pourtant ni le canot, ni la campagne, ni les bouteilles à boire sous les tonnelles qui lui déplaisaient. Il se sentait seul, sans compagne, et ne comptait guère sur le hasard des rencontres au cours de la partie. Il ne connut pas les folâtres ribambelles qui s’éparpillent en chantant des refrains, tour à tour bêtes, obscènes ou sentimentaux, le long des haies, accompagnant la cueillette des violettes ou des mûres, selon les saisons. Il ne fit point de gais repas dans les guinguettes de Montmartre, sur la Butte, ou du côté de Montrouge ou de Châtillon. Cependant, je l’emmenai une fois dans une société de jeunes gens qui tenaient leurs assises dans les bals de Montmartre, à l’Élysée, au Château-Rouge. Ce groupe, qui avait pour titre la Collective, société coopérative de consommation et de plaisir, ne lui plut guère ; il se contenta de nous regarder nous amuser, rire, danser, pincer des tailles et frôler des poitrines. Il vidait consciencieusement et solitairement des cannettes, pendant que nous devisions avec les folles habituées de l’endroit, venant s’asseoir à nos côtés, essoufflées et rouges, après un quadrille heurté ou une valse haletante. Il parut plutôt à mes amis, des journalistes, des employés de bourse et de commerce, un convive lugubre, et l’un d’entre nous, le futur explorateur Louis Advenant, lui dit,