Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
PAUL VERLAINE

utiliser ses moindres productions, a fait paraître, dans des recueils peu répandus, qui ont pu m’échapper, des poèmes par lui retrouvés, et jusques-là inédits. Verlaine a égaré, surtout dans sa jeunesse, beaucoup de petits vers, qu’il griffonnait sur des bouts de papier, et qu’il envoyait à des camarades. Ses migrations nombreuses, sa privation de bibliothèque, de cabinet, de cartons, de tout ce matériel indispensable à l’homme de lettres pour conserver ses écrits, ses ébauches, ses œuvres de premier jet, firent défaut à notre poète. Voyageur capricieux durant dix ans, puis revenu de l’étranger pour errer d’hôtels garnis en hôpitaux, il ne lui était guère possible de collectionner ses manuscrits.

Une anecdote, à ce sujet, établira qu’il a dû perdre, et même oublier bien des fragments d’œuvres.

J’écrivais, vers 1894, une chronique hebdomadaire dans le journal Paris, où je signais d’un pseudonyme, « Pégomas ». C’était une sorte de revue littéraire et anecdotique. Voulant faire une surprise à Verlaine, amené à parler de lui, je publiai une pièce de sa jeunesse, découverte dans mes papiers, que je supposais peu connue, ou même inédite, ne l’ayant pas rencontrée dans les recueils déjà parus. C’était l’Enterrement. Verlaine reproduisit avec empressement la pièce dans un journal du Quartier Latin, sans se douter que l’exhumation provenait de moi, s’étonnant qu’une personne, qu’il ne reconnaissait pas sous ce nom de Pégomas, possédât une pièce de vers de lui, qu’il retrouvait à présent dans sa mémoire, mais dont il avait perdu jusqu’au souvenir, et qu’il eût été incapable, dit-il, de reconstituer !

Je fais donc toutes réserves, et je réclame l’indulgence, pour le cas où les pièces inédites ou les fragments que je donne comme non publiés auraient déjà paru quelque