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part aux actes de la place publique. Sous la Commune, il fut un figurant muet et inactif dans le drame formidable, et son rond de cuir à l’Hôtel de Ville, sur lequel il demeura paisiblement campé, ne saurait être comparé à une barricade. Il n’a jamais été mêlé, au moins jusqu’aux Invectives, aux polémiques littéraires aiguës de son temps ; il ne s’est pas battu en duel. Comme chacun de nous, il éprouva des pertes cruelles dans la famille, son père d’abord, sa cousine Élisa, puis son excellente mère lui mirent le cœur en deuil, mais ce sont des catastrophes régulières, que l’on prévoit, et qui font partie du bagage de misères que l’homme porte avec lui.

S’il est tombé dans le dénûment, ce ne fut point par une débâcle soudaine, imprévue, mais par une suite de débours s’enchaînant les uns aux autres, par l’addition de dépenses quotidiennes d’existence et d’entretien, de frais de voyages et de paiements répétés pour ses plaisirs et la satisfaction de ses passions. Sans renouvellement de capital, sans alimentation de recettes fixes et de ressources sérieuses, provenant d’un travail régulier, le zéro, au bout, était forcé. Il a mangé, comme un autre La Fontaine, le fonds avec le revenu. Il descendit, lentement plutôt, et par une poussée de chaque jour peu sensible, tous les échelons de la détresse. Il eut, en outre, des pertes d’argent à subir du fait d’engagements, de contrats, de fâcheuses entreprises, comme ses exploitations agricoles à Juniville et à Coulommes. Une escroquerie, de la part d’un abbé, lui enleva ses derniers picaillons. Mais sa ruine progressive, calculée pour ainsi dire, et dont, en admettant qu’il eût sauvé les derniers écus que lui enleva l’abbé Salard, il pouvait, à un mois près, énoncer l’échéance, ne fut pas due à