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dre chez Leconte de Lisle ou à fréquenter chez Lemerre, mais la boutique de l’excellent éditeur devenait tantôt boîte à potins, tantôt salon académique, et beaucoup d’entre nous n’allèrent plus que pour affaires d’édition, et accidentellement, au passage Choiseul. La guerre de 1870 acheva cette dispersion des Parnassiens.

Cependant, entre eux persista comme une camaraderie secrète, et plus tard, dans des chemins divers, dans la littérature, l’art, la politique, ils ne cessèrent de se sentir reliés par le câble puissant des amitiés de jeunesse et des premiers combats littéraires. On était des frères d’armes, et, quand on se retrouvait, on évoquait avec bonheur les années, alors que la renommée n’était pas encore venue, et qu’on croyait que tout l’avenir tenait dans le cycle du Parnasse, dans l’arrière-boutique de Lemerre, dispensateur de la gloire imprimée.

Louis-Xavier de Ricard, qui a publié dans le journal le Temps des articles fort intéressants sur le Parnasse contemporain, ce qu’il était plus à même de faire que personne, a dit, en résumant son travail, et ce sera la conclusion à donner sur le Parnasse :

Je ne crois pas que les Parnassiens aient été les suprêmes poètes que s’imaginait Verlaine, ni toute la poésie antérieure, ni davantage que toutes les poésies futures doivent être décriées ; si persuadé que je sois que nous avons fait œuvre bonne et salutaire, sérieuse, utile ou nécessaire, je le suis tout autant que l’action parnassienne est actuellement épuisée sur les jeunes générations.

Le Parnasse n’a pas été une école, pas même un cénacle, encore moins cette coterie contre laquelle on s’est si fort irrité, si mal à propos, et parfois à faux, avec si peu de sincérité. Le Parnasse n’a pas eu de Credo ni de dogme esthétique ; il n’eut pas davantage de théorie officielle, j’entends par là de plan collectif, sur la poétique, ni même sur la prosodie. Ces gens, qu’on a accusés de n’être que des rimeurs, ne professaient pas