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toute une génération, encore aujourd’hui agissante, militante, triomphante : quelqu’un avait dit que le Parnasse soit et le Parnassien fut !

On a vu plus haut comment, grâce à un ami de Verlaine, Ernest Boutier, client du libraire du passage Choiseul, on s’était abouché avec ce bibliopole audacieux, comment Alphonse Lemerre s’était improvisé dépositaire du journal l’Art, puis éditeur de poésies, en publiant successivement Ciel, Rue et Foyer de L.-X. de Ricard, les Poèmes Saturniens de Verlaine et le Reliquaire de Coppée.

Le journal l’Art ne faisait pas ses frais, ne portait pas sur le public, n’avait qu’une clientèle à peu près gratuite. Louis-Xavier de Ricard en supprima la publication, et, comme il lui restait encore quelques sous à dépenser en impression, sur le conseil de Catulle Mendès, et avec l’assentiment de Lemerre, le bien avisé, fut publié le Parnasse contemporain, recueil de vers nouveaux. Pourquoi ce titre rococo ? On n’a jamais pu connaître exactement le nom de l’inventeur. Plusieurs parrains ont été mis en avant. Je crois, mais je n’affirme rien, que le choix de ce titre fut suggéré, tout au moins, par un philologue qui fréquentait chez Lemerre, M. Ch. Marty-Lavaux, à qui ce libraire confia par la suite la publication des poètes de la Pléiade. Le prince des poètes, Ronsard, déjà vengé d’un sort injurieux par Joseph Delorme et Banville, était très en honneur parmi les habitués de l’arrière-boutique du passage Choiseul. En tous cas, l’étiquette prise bientôt fut admise, colportée, vulgarisée, et le groupe de ces néo-romantiques fut définitivement classé sous le nom de Parnassiens. La parodie s’en mêla, et un groupe dissident de littérateurs fantaisistes, parmi lesquels se trouvaient Alphonse Daudet, Paul Arène, Jean du Boïs,