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tions aux tapis-francs de la Cité du héros des Mystères de Paris, avec cette différence qu’aucune Fleur-de-Marie ne se présenta à notre vue, nous n’étions du reste pas venus au bal Gelin pour y dénicher, comme le bon prince Rodolphe, de virginales prostituées, fut la pièce argotique : l’Ami de la Nature. Récitée chez Nina, elle eut un grand succès d’originalité et de pittoresque. Le genre était alors complètement nouveau, et la littérature montmartroise n’était pas inventée.

Cette pièce vient d’être publiée dans le volume complémentaire des Œuvres complètes.

Cette chanson n’ajoutera rien à la gloire lyrique de Verlaine. Elle affirme un des éléments de son caractère et de son talent : l’ironique et funèbre gaîté.

Chez Mme de Ricard, après les vers, après les charades, quand, vers une heure du matin, s’éclaircissaient les rangs des habitués, fréquemment nous passions dans un petit salon, et là, autour d’un guéridon, recouvert d’un châle, nous faisions une partie, peu chère, mais attrayante, au point de nous retenir parfois jusqu’à l’aurore loin de nos dodos. Nous jouions le plus souvent un jeu de hasard tout à fait démodé, oublié aujourd’hui, le lansquenet. Très rarement on lui substituait le baccarat. Comme nous ne faisions que le chemin de fer, le choix de l’un ou l’autre jeu appartenait à celui qui avait la main. L.-X. de Ricard ne jouait pas, Verlaine très rarement se mettait au jeu, mais Coppée et Dierx étaient des pontes acharnés.

Chez Nina, on ne jouait jamais, mais la veille était quand même prolongée, car on soupait et l’on buvait. Ce genre de passe-temps agréait mieux à Verlaine que les cartes. Le défaut de sommeil contribua pour beaucoup à développer chez nombre d’entre nous la nervosité, l’irritabi-