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À la fin de juillet, pour une raison quelconque, l’article promis n’avait pas encore paru. Verlaine, qui était parti dans le nord, chez ses parents, et où l’avait rejoint Charles de Sivry, — c’était l’époque des premiers pourparlers en vue du mariage qui devait s’accomplir un an après, — me rappela en ces termes vifs ses Fêtes galantes :


Fampoux, le 31 juillet 1869.

Vilain oiseau, Sivry, qui est de passage ici, m’apprend qu’il a oublié de te remettre une lettre dont je l’avais chargé pour toi. Je t’y reprévenais de mon redépart, et de mon assez mauvaise santé, qui s’est améliorée d’ailleurs, et ce n’est pas malheureux ! Il paraît, sale animal, qu’on ne te voit plus chez Battur [Baptiste, garçon de la Brasserie des Martyrs]. À quel crime travailles-tu en secret, donc ? Pas à ma gloire, toujours, éhonté folliculaire. Car je n’ai aucunes nouvelles d’un article de toi, relatif à ces fameuses et exquises Fêtes galantes-là !

Soyez donc un grand poète, ayez la condescendance de serrer la main à de vils gibiers de 7e chambre, et de leur payer le bock de la revendication, pour que ces porcs-là ne vous fassent pas un méchant bol de réclame dans leurs ignobles papiers, qui trahissent jusqu’à la confiance, alors qu’on veut s’en servir utilement !

Et le Parnasse de Mérat ? Ce Woinez est obscène. [Charles Woinez avait emprunté, par mon entremise et celle de Verlaine, le volume du Parnasse contemporain, appartenant au poète Albert Mérat, pour un article sur les Parnassiens, qui ne parut jamais.]

Je sais que la grande soirée de chez Nina a été très chic. Il y avait Olympe Audouard, et on n’y a pas joué Brididum [la Vieillesse de Brididi, vaudeville d’Henri Rochefort], à cause du principal acteur (moi, s.v.p. !)

As-tu été chez Meurice, tous ces jours-ci ? Quoi de neuf à Paris ? Ici, je suis en exil absolument, et je ne sais rien de rien, As-tu envoyé quelque chose à Lemerre pour le Parnasse ? [pour le 2* volume]. Il paraît que le poème swédenborgien de Mendès a paru dans la Liberté.

Je suis d’une orde paresse, c’est à peine si, depuis deux