Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/173

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sage Choiseul 47. M.D. CCCLXIX. Sur le verso du faux-titre, cette mention : Du même auteur : Poèmes Saturniens. En préparation : les Vaincus. À la dernière page, cette autre mention : achevé d’imprimer le vingt février mil huit cent soixante-neuf, par L. Toinon et Cie, à Saint-Germain, pour Alphonse Lemerre, libraire à Paris.

Je n’étais pas auprès de Verlaine quand son volume parut, probablement dans les premiers jours de mars 1869 ; je venais d’entrer à Sainte-Pélagie pour y purger une condamnation à un mois de prison, pour délit de presse.

Mon incarcération avait été précipitée. Les tribunaux de l’Empire ne laissaient jamais de vacances à Sainte-Pélagie, et on se disputait les chambres dès qu’elles se trouvaient libres. J’avais pu profiter du départ d’Édouard Lockroy, autorisé à finir sa peine dans une maison de santé, pour me faire attribuer la cellule dite Petite Sibérie. Je n’eus le temps de prévenir mon ami que par un mot rapide sur ma carte, déposée chez sa mère, demeurant alors, 26, rue Lécluse, aux Batignolles.

Verlaine, dont, à plusieurs reprises, j’ai constaté la susceptibilité pour des riens, se froissa de n’avoir pas été autrement prévenu. La lettre suivante montre son irritabilité, en cette occasion nullement motivée.


Le 11 mars 1869.
Mon cher ami,

La carte compendieuse que tu as eu la prévenance de m’envoyer, pour m’informer de ton entrée en prison, ne portant ni le plus mince désir d’une visite mienne, ni d’ailleurs le moindre renseignement pour m’aider à la faire, tu ne t’étonneras sans doute pas plus que tu ne te préoccuperas, de mon absence, qui aura lieu, religieusement, à moins d’une lettre (qui