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Les petits ifs du cimetière
Frémissent au vent hivernal,
Dans la glaciale lumière…


Ce tableau mélancolique d’un cimetière idéal, pour lui non précis, n’évoquant aucun caractère de sépulture familiale, se terminait par un appel à la vie, au soleil de printemps, aux chants d’oiseaux berçant les sommeils mornes des chers endormis.

Il craignait qu’on ne vît là une allusion à son deuil, une plainte, une sorte d’élégie personnelle. Je l’engageai à maintenir la pièce telle qu’elle avait été écrite deux années avant le funèbre événement. Personne ne pouvait y chercher une allusion à la perte qu’il avait faite, qu’il ne prévoyait nullement si proche, quand il composait ses stances. Le public assurément ne verrait, dans ce poème, que ce que le poète avait voulu y mettre : une généralisation d’impression dans un cimetière quelconque, par un temps d’hiver.

Par exemple, et je fus d’accord avec lui, par un sentiment de convenance facile à comprendre, il fit sauter la pièce qui, conservée par moi en original, publiée vingt-cinq ans plus tard, est citée ci-dessus : « Je ne sais rien de gai comme un enterrement. » On a vu dans quelles conditions ce poème ironique fut retrouvé et réimprimé.

Dans ce premier volume, composé, en partie, sur les bancs du lycée, continué durant les loisirs des cours peu suivis de l’école de droit, et achevé aux premiers mois de sa vie paisible d’employé de la Ville, par conséquent durant les époques les plus heureuses, les plus calmes, les moins tourmentées de son existence, on rencontre des accès de pessimisme, qui étaient absolument factices, imaginés, rêvés. Nous avions tous de ces mélancolies