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sont tout à fait dans le caractère descriptif et pompeux de la Légende des Siècles et des Poèmes barbares. D’autres se ressentent de l’influence baudelairienne. « Mon Rêve familier », par exemple, évoque le souvenir de telle pièce des Fleurs du Mal, malgré la clarté, la précision que Verlaine apportait alors dans l’expression, même recherchée et subtile, de sensations raffinées, de correspondances mystérieuses et d’affinités cérébrales. Les vers, si pleins, si lourds d’idées et de suggestions, qui terminent la pièce, sont d’une beauté ferme et pour ainsi dire marmoréenne, bien originale, bien idoine à son auteur :


… Son regard est pareil au regard des statues,
Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues


C’est de l’inspiration verlainienne, et non baudelairienne.

Il y avait en même temps dans les Poèmes Saturniens, — j’ai assisté à l’enfantement de la plupart des poèmes qui composent le recueil, — une préoccupation de dogmatiser, de créer comme une poétique. Le premier, Verlaine formula la théorie des Impassibles, comme on désigna d’abord les poètes de la nouvelle école. Le terme de « Parnassiens » a prévalu, quoique moins juste et plus pédant.

Dans la pièce d’introduction, comme dans celle qui forme l’épilogue, il réagit contre l’école lamartinienne, (et il raffolait de Mme  Desbordes-Valmore), contre la verve non lyrique d’Alfred de Musset (Allons ! dieu mort, descends de ton autel d’argile ! criait-il furieusement à l’ombre de Rolla), contre la satire politique d’Auguste Barbier, de Barthélemy, d’Hégésippe Moreau,