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VERLAINE EMPLOYÉ

miséreux des dernières années, mais il n’est plus l’homme à aisance modeste, pouvant s’occuper d’art, de littérature, publier des poèmes, des fantaisies, en conservant occupations régulières et salaires fixes. Il sort des cadres hiérarchisés de la société, sans entrer pour cela dans la cohorte franche des gens de lettres, des artistes, qui, elle aussi, a sa méthode, sa ponctualité, sa tâche à fournir, et une sorte de discipline de travail à observer. Verlaine ne quitta pas l’administration, comme tant d’autres de ses camarades en littérature et confrères en bureaucratie désireux d’avoir plus de temps à consacrer à la production littéraire. Ceux-ci trouvent, dans leur nouvelle situation, plus d’indépendance sans doute, mais plus de besogne aussi. Ils s’efforcent de transporter la régularité bureaucratique dans la liberté de la littérature ; ils s’acharnent sur la copie à faire, afin de compenser, et au-delà, par les gains littéraires, les appointements administratifs non émargés à la fin du mois. Verlaine ne publia rien et ne prépara pas grand’chose durant ces mois de liberté neuve et de loisir complet. La Bonne Chanson parut vers cette époque, mais les pièces qui composaient cet épithalame tardif, devenu comme le De Profundis d’un bonheur domestique défunt, étaient bien antérieures. Paul pouvait, à cette époque, éditer son dithyrambe de fiancé, mais il eût difficilement retrouvé le sentiment qui le lui avait dicté, l’an précédent.

Plus d’une fois, par la suite, faisant son examen de conscience, Verlaine regretta de n’avoir pas essayé de conserver et de recouvrer sa place. Continuer à mandater des émoluments d’ecclésiastiques ou des règlements d’entrepreneurs, ne l’eût pas empêché de rimer et de publier ses rimes. Albert Mérat, Valade, Armand Renaud, tous employés de la Ville ; Armand Silvestre, aux Finances ;