Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.
106
PAUL VERLAINE

sur son fonctionnement, sur son ronronnement. Il ne doit connaître, au bureau, comme autorité, que la personne qui s’asseoit sur le fauteuil du chef, et, de là, commande. Le gouvernement, sans doute, avait changé depuis le 18 mars. Mais, était-ce une raison suffisante pour les employés de changer leur itinéraire et leur existence ? Une obligation naissait-elle, de la substitution d’un pouvoir à un autre, de ne plus se rendre, à l’heure ordinaire, au bâtiment où, chaque jour, ils devaient en commun vaquer, oh ! doucement, sagement, sans rien briser, à la tâche qui leur incombait, depuis leur admission dans l’administration ?

Il y avait des précédents. Le gouvernement avait changé aussi, le 4 septembre. La substitution de régime avait été alors plus complète qu’au 18 mars. Aucun employé de la Ville n’avait cependant cessé d’occuper son rond-de-cuir. Il n’y avait eu de modifié, dans les bureaux, que les en-tête de lettres et les vignettes représentant l’aigle impérial. Nul employé n’avait cru devoir rester chez lui, parce que le gouvernement de la veille n’était plus celui du jour, parce que, dans le cabinet du préfet, un autre derrière que celui du baron Haussmann reposait sur le fauteuil resté le même. Aucun de ces rouages de la machine administrative ne se serait imaginé qu’il lui fallait interrompre, le 5 septembre, son fonctionnement, parce qu’il y avait de nouveaux mécaniciens à la tête de l’administration, et que Napoléon III avait disparu, comme Charles X, comme Louis-Philippe. M. Thiers était, comme ces chefs d’État, dégommé. On le remplacerait. En quoi cela touchait-il les bas employés ? Quant à supposer qu’un jour, un nouveau changement gouvernemental se produisant, les anciens mécaniciens reprenant leur poste et remettant la main sur le levier