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PAUL VERLAINE

raison du renouvellement hebdomadaire du spectacle, à alimenter ces deux scènes de banlieue. De bons artistes, Chotel, le directeur, en tête, se rencontraient dans cette troupe suburbaine. On a applaudi, sur ces planches extérieures, Parade, Daubray, Nertann, Priston, et bien d’autres que j’oublie, alors débutants et ignorés, depuis applaudis au Vaudeville, au Gymnase, au Palais-Royal.

Verlaine assistait aux représentations dans l’orchestre des musiciens, où il était introduit par un camarade, violoniste amateur, garçon très original, un peu fantasque même, nommé Ernest Boutier, qui a disparu, sans avoir riten publié, bien qu’il eût été un instant mêlé au groupe naissant des Parnassiens, et qu’il eût sans doute, comme nous tous, en portefeuille, des élucubrations, en prose et en vers. Ce Boutier a joué un rôle dans la vie littéraire de notre jeunesse : ce fut lui qui nous fit connaître le libraire Alphonse Lemerre, et qui amena toute la bande parnassienne au passage Choiseul. D’où l’essor poétique de 1869.

Le drame banlieusard, les cafés-concerts de Rochechouart et les opérettes en chambre ne retenaient point toute l’attention de Verlaine. Son vaste cerveau s’ouvrait à toutes les manifestations de l’art. Nous avons fait de fréquentes visites au Louvre, au Musée du Luxembourg. Il ne manquait pas les Expositions de peinture, alors au Palais de l’Industrie.


Viens dimanche à la maison, vers les deux heures deux heures et quart, m’écrivait-il en mai 1864, nous irons, si tu veux, au Salon, quoiqu’il soit bien mauvais cette année.


J’ai donné la date, pour préciser, car l’appréciation péjorative de Verlaine pourrait s’appliquer à d’autres années. C’est un refrain habituel que celui-là. Il est vrai