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par une lutte à outrance. La France accepte cette lutte et compte sur tous ses enfants. » Le décret suspendait et ajournait toutes les élections municipales, et celles pour l’Assemblée Constituante. Les préfets étaient autorisés à maintenir les municipalités provisoires. M. Challemel-Lacour, en vertu de ce décret, maintint en exercice le conseil municipal de Lyon. Ce conseil poursuivit assez paisiblement le cours de ses séances. Il décerna au général Garibaldi « citoyen italien et citoyen américain » le titre de « citoyen lyonnais ». Il décida aussi le maintien, sur la place Belle-cour, du cheval de bronze, portant Louis XIV, œuvre du sculpteur lyonnais Lemot, mesure raisonnable et inoffensive.

MEURTRE DU COMMANDANT ARNAUD

Des désordres, sans durée, troublèrent les dernières journées de septembre. La ligue du Midi, exubérante et brouillonne, avait délégué à Lyon le général américain Cluseret, qui, par l’entremise du fameux Andrieux, futur préfet de police fantaisiste, s’aboucha avec des anarchistes comme Saignes, Albert Richard et le communiste russe Bakounine. Ceux-ci, soutenus par deux ou trois cents gardes nationaux, tentèrent un mouvement sur l’Hôtel-de-Ville, qu’ils envahirent. Ils en furent bientôt débusqués. Dans la bagarre, M. Hénon, maire de Lyon, reçut un coup de crosse en pleine poitrine, dont il souffrit longtemps, et Bakounine, un géant pourtant, fut bousculé et envoyé dans le bassin de la place des Terreaux. Ce bain imprévu rafraichit les idées du russe et aussi celles des révolutionnaires qui le suivaient sans but bien défini. Albert Richard et Bakounine, entre autres sottises, prêchaient l’abstention devant l’ennemi, et réclamaient une contribution sur les