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senté comme rassurant la propriété, protégeant le clergé, rétablissant la prospérité industrielle, faisant monter la rente, maintenant l’ordre et comme le sauveur providentiel seul capable de contenir les agitations révolutionnaires, tandis que, pour d’autres, on faisait de lui le démocrate devenu puissant, l’homme du socialisme pacifique, un César populaire, s’étant préoccupé comme publiciste des questions sociales. Le prince-président se donnait comme le défenseur des déshérités, l’apôtre de l’extinction du paupérisme, le protecteur des intérêts corporatifs, le dictateur plébéien qui devait satisfaire les appétits de la classe ouvrière. Enfin ce César, qui était surtout un Catilina, se proclamait le vengeur du suffrage mutilé, le champion du peuple, à qui son avènement allait rendre le bulletin de vote, tandis que seraient dispersés, empoignés les auteurs odieux de la loi du 31 mai. Il mâterait ces parlementaires devenus factieux, qui voulaient restreindre la République après l’avoir déshonorée. Le coup d’état parisien parut acceptable et même rassurant aux habitants des départements, sauf à quelques républicains plus clairvoyants, ceux que le nom de Napoléon, loin d’attirer, effrayait. La province ne fit donc qu’une résistance éparse et insuffisante, rapidement étouffée. Les scrutins prouvèrent Lientôt le peu de consistance de l’opposition ; l’accord se fit entre la capitale et les départements sur l’acceptation de l’empire. Plus tard, changement d’approbation, mais même entente. Au 4 septembre, les départements non seulement suivirent Paris dans le reniement du régime impérial, bien qu’il eût été récemment consacré à nouveau par le plébiscite, mais, en plusieurs endroits, le devancèrent, et la capitale n’eut pas la primeur de la proclamation de la République. La catastrophe de Sedan, et l’indignation contre l’auteur de la guerre qui s’était laissé vaincre avaient