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Vailet et quelques énergiques citoyens, à la nouvelle de la capitulation de Metz, tentent un mouvement sur l’Hôtel-de-Ville. Il s’agit d’ôter aux gens qui détiennent le pouvoir en vertu d’une insurrection, par une insurrection nouvelle, la direction de cette Défense à laquelle ils ne croient pas, qu’ils ont proclamée impossible. La Défense devait être confiée à de vrais défenseurs, à ceux qui avaient la foi dans la résistance et l’espérance du succès final. Le mouvement éclate et avorte. Blanqui, encore une fois, est vaincu et proscrit. La proscription dans une ville cernée !

Le voilà obligé de se cacher, prisonnier dans une cité qui déjà est une prison. Les destinées de la patrie sont livrées définitivement, par un plébiscite aveugle, à des hommes qui n’ont qu’une idée, qu’un but : se rendre. En même temps ils combinent une stipulation anormale, monstrueuse : la reddition totale, la capitulation de la France ! Paris trahi n’a plus qu’à attendre, en grelottant et en se serrant le ventre, l’heure psychologique guettée par le vainqueur. Pour ce crime d’avoir voulu chercher la délivrance de la cité et le remplacement de chefs incapables, découragés ou traîtres, Blanqui fut arrêté, mais longtemps après, le 17 mars, le jour même où Thiers provoquait Paris et cherchait à désarmer la garde nationale.

Blanqui, pendant qu’à Bordeaux on préparait l’acceptation de la paix, avec le démembrement pour rançon, avait soutenu la résistance de Gambetta. Dans une belle lettre adressée à Ranc, il avait affirmé « qu’une place assiégée ne peut stipuler que sa propre reddition, et il refusait à un gouvernement prisonnier le droit de capituler pour toute la France. Ce droit souverain on ne l’avait pas reconnu à {Napoléon III, pouvait-on l’accorder à Jules Favre » ? Les élections de février étaient survenues. Blanqui, candidat à Paris ne fut pas élu. « Il n’y eut pas de place pour lui, a dit